Publié le 26 juin 2024

Sobriété énergétique des bâtiments : les enjeux financiers pour La Poste Immobilier

L’obligation réglementaire du dispositif Éco Énergie Tertiaire vise à accélérer la transition énergétique en imposant la réduction progressive de la consommation d’énergie finale dans les bâtiments à usage tertiaire de plus de 1 000 m². Basés sur une année de référence, ces objectifs de réduction sont ambitieux : moins -40 % en 2030, -50 % en 2040 et -60 % en 2050. Dès lors, comment les secteurs de l'immobilier des entreprises et des collectivités locales s'adaptent à cette ambition de décarbonation ? Frédéric Goupil de Bouillé, président de l'Association des Directeurs Immobiliers (ADI), et Philippe Narbout, responsable gestion technique de La Poste Immobilier en Nouvelle-Aquitaine, nous livrent leur analyse et expérience.

L'immobilier professionnel représente un milliard de mètres carrés en France, dont 80 % appartiennent aux entreprises et aux collectivités. "Les enjeux sont colossaux. Le coût de la rénovation énergétique pour se mettre en conformité avec le pallier 2030 du dispositif Éco Énergie Tertiaire est estimé à 15 milliards d'euros par an par le Secrétariat Général à la Planification Écologique (SGPE), contre 4 milliards d’euros investis en moyenne par an actuellement" avance Frédéric Goupil de Bouillé. "Et c’est sans compter les budgets maintenance qui sont rarement déployés pour des raisons d’arbitrage." La question du financement de la remise à niveau du parc est donc centrale. Pour Frédéric Goupil de Bouillé, la transition énergétique doit être appréhendée comme une opportunité de repenser le parc immobilier en fonction des besoins réels des occupants. "Il s'agit de diminuer la taille du parc, de l'adapter, de le flexibiliser sur le long terme en y agrégeant des services, pourquoi pas via des financeurs, et surtout d'en faire un outil d'attractivité pour les entreprises et les collectivités locales."

La transition énergétique doit être appréhendée comme une opportunité de repenser le parc immobilier en fonction des besoins réels des occupants. Les enjeux sont colossaux, mais les opportunités sont immenses.

Frédéric Goupil de Bouillé

Président de l'Association des Directeurs Immobiliers

La stratégie d’investissement de La Poste Immobilier en Nouvelle-Aquitaine

En Nouvelle-Aquitaine, La Poste Immobilier gère près de 600 000 m² du parc immobilier du groupe La Poste.

La Poste Immobilier en Nouvelle-Aquitaine gère près de 600 000 m² du parc immobilier du groupe La Poste qui compte un total de 6 millions de m² au niveau national. Le parc immobilier du groupe est composé de sites tertiaires, de sites d'activités industrielles et de bureaux de poste.

Philippe Narbout, responsable gestion technique de La Poste Immobilier en Nouvelle-Aquitaine, explique : "Pour accélérer la transition énergétique et atteindre les objectifs de l’obligation réglementaire Éco Énergie Tertiaire, nous nous appuyions sur plusieurs leviers : la connaissance du parc, le monitoring des consommations, les audits énergétiques et la sensibilisation des locataires pour réduire les consommations". Ces premières actions ont permis de réduire de 20% les consommations d’énergie, à mettre en regard de l’objectif de -40% à atteindre d’ici 2030. "Pour notre immeuble emblématique situé rue Bonnac à Bordeaux, nous avons atteint, grâce au monitoring et au changement de comportement, une baisse des consommations de 39%."

Pour accélérer la transition énergétique, nous nous appuyions sur plusieurs leviers : la connaissance du parc, le monitoring des consommations, les audits énergétiques et la sensibilisation des locataires pour réduire les consommations.

Philippe Narbout

Responsable gestion technique de La Poste Immobilier en Nouvelle-Aquitaine

40 millions d’investissement en région à l’horizon 2030

Pour respecter les objectifs du dispositif Éco Énergie Tertiaire de -40%, le groupe La Poste va investir de l’ordre de 40 millions d’euros en Nouvelle-Aquitaine, 400 millions d’euros au niveau national, d’ici à 2030. Ces investissements permettront de mettre en place avant 2026 la gestion technique du bâtiment (GTB) sur 1 300 sites en France. Cette technologie permet une gestion centralisée et automatisée des différents systèmes d'un bâtiment, tels que le chauffage, la climatisation ou encore l'éclairage. La GTB joue un rôle clé dans l’amélioration de l’efficacité énergétique. 250 centrales photovoltaïques seront également installées sur le territoire national d’ici 2030.

Via sa centrale photovoltaïque, l'imprimerie des timbres et des produits sécurisés Philaposte de Boulazac, en Dordogne, produit 14% de son électricité.

En Nouvelle-Aquitaine, la centrale photovoltaïque de l'imprimerie des timbres et des produits sécurisés Philaposte de Boulazac en Dordogne mise en production en juillet 2022 couvre aujourd’hui près de 14% des besoins en électricité du site. La plateforme de distribution multiflux de Gujan-Mestras qui vient d’être mise en production va, quant à elle, autoproduire 70% de ses consommations. D’ores-et-déjà, les études sont lancées pour les plateformes de distribution du courrier de Saint-Médard-en-Jalles (33), Villeneuve-sur-Lot (47) et Limoges (87). Aujourd’hui, la politique mise en place par La Poste Immobilier a permis de diminuer les émissions de GES de 21,7% à fin 2022 par rapport à l’année de référence 2017. L’objectif est d’atteindre -35% à l’horizon 2030. Le groupe La Poste est engagé sur une trajectoire zéro émission nette très ambitieuse. Cet engagement s’articule autour de la réduction de 90 % de nos émissions de CO₂ entre 2021 et 2040, et la compensation des 10 % restants grâce à des projets de séquestration carbone, notamment en France. 

Les missions de l’Association des directeurs immobiliers

L’Association des Directeurs Immobiliers (ADI) regroupe les directeurs et responsables immobiliers des entreprises publiques et privées françaises. Elle compte aujourd’hui près de 400 adhérents, et consolide une force représentative de près de 350 millions de mètres carrés, soit le tiers du parc immobilier des entreprises situées en France. Au sein du secteur immobilier, l’ADI représente la profession auprès des institutions, des médias et du grand public. Elle se fixe comme ligne directrice d’accompagner les directeurs immobiliers pour qu’ils puissent exercer efficacement et de façon influente leur métier. L’ADI compte 400 membres, représentant 260 entreprises, occupant/gérant près de 350  millions de m².