Publié le 14 juin 2021

Paris 14 : Trotti expérimente son offre de services

Lauréat 2019 du programme intrapreunarial soutenu par La Poste "20 Projets Pour 2020", Trotti est actuellement en test à la plateforme de préparation et distribution courrier (PPDC) de Paris 14. La start-up gère la recharge et la manutention des batteries de 500 vélos en libre-service dans les rues de Paris.

Sofien Ben Mabrouk, l’un des trois concepteurs et intrapreneurs du projet et Yannick Bachelier, directeur de la PPDC de Paris 14, nous expliquent les enjeux de Trotti, le temps d'un entretien croisé.

Sofiane Ben Mabroukconcepteurs et intrapreneurs de Trotti
Yannick BachelierDirecteur de la PPDC de Paris 14
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Comment le projet Trotti est-il né ?

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Sofiane Ben Mabrouk : Avec Guillaume Graux et Philippe Morelli, nous avons travaillé sur notre projet Trotti en parallèle de nos emplois postaux respectifs pendant six mois. Ensuite, nous avons passé une succession de concours, d’oraux, de bootcamps pour lesquels nous étions accompagnés et formés au pitch et à l’environnement entrepreneurial et startuper. A l’issu d’un jury final, nous avons appris en décembre que nous étions les lauréats 2019.

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Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de créer Trotti ?

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Sofiane Ben Mabrouk : L’idée est venue par Guillaume Graux. Lors d’une réunion, les directeurs d’établissement lui ont expliqué qu’un certain nombre d’actifs postaux pouvaient être mieux utilisés, tels que nos véhicules électriques par exemple. En parallèle, courant 2019, nous avons commencé à voir dans les grandes villes des flottes de vélos et trottinettes électriques, avec au départ un phénomène "d’ensauvagement" de la voie publique. Guillaume a tout de suite perçu l’opportunité d’apporter une solution logistique durable à ce problème. C’est ainsi que dès juin 2019, nous l’avons rejoint avec Philippe et commencé à contacter nos premiers clients pour concevoir une offre de services durable et rentable.

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En quoi consiste Trotti ?

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Sofiane Ben Mabrouk : L’idée du projet Trotti est de prendre en charge la gestion des flottes d’opérateurs de mobilité douce (vélos, trottinettes). La mobilité partagée permet de louer à la minute un engin sur la voie publique, à condition de télécharger au préalable une application et d’avoir crédité son compte. On peut utiliser l’engin et le déposer où l’on veut, sans passer par une station. Trotti propose de sous-traiter la gestion complète de la flotte : recharge des batteries électriques, repositionnement, concentration des véhicules à réviser… Selon une étude du BCG (Business consulting group), 40 % du chiffre d’affaires des opérateurs est alloué à la gestion opérationnelle de leur flotte. Aujourd’hui les batteries sont "swappable", c’est-à-dire amovibles. Pour trotti c’est une évolution importante car on ne doit plus transporter les engins en entier mais seulement leur batterie.

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Pourquoi avez-vous accepté cette expérimentation qui va se dérouler sur plusieurs mois dans votre établissement de Paris 14 ?

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Yannick Bachelier : Pour au moins deux raisons essentielles. La première, c’est que cela apporte une activité nouvelle à l’établissement à un moment où le volume de courrier diminue. Nous devons prendre en charge le stock de batteries et faire en sorte qu’il ne soit jamais indisponible. Pour cela nous mettons en charge les batteries vides dans une salle spécifiquement créé par Trotti au sein de l’établissement et les déposer dans un vélo cargo à assistance électrique qui permet de transporter jusqu’à 250 kg de marchandise. C’est une activité tout à fait complémentaire pour nous, sur un marché en forte croissance, puisque la mobilité en mode doux, notamment à Paris, est en plein développement. La deuxième raison, c’est que nous faisions déjà de la relation client pour Veligo et que cette nouvelle activité en test s’inscrit parfaitement dans cette logique de développement durable et de RSE dans laquelle La Poste est engagée depuis plusieurs années.

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Comment vos activités se déroulent à la PPDC de Paris 14 ?

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Sofiane Ben Mabrouk : Nous avons créé une salle de recharge dédiée aux nouvelles mobilités. Des postiers font la manutention de ces batteries pour les mettre à disposition des vélos cargos. Nos quatre premières remorques K-ryole sont un investissement important pour Trotti. Six jours sur sept, le client-opérateur récupère à tout moment une remorque pleine de batteries rechargées. En fin de tournée il dépose des remorques remplies de batteries à remettre en charge. Ce sont les postiers qui récupèrent ces batteries et s’assurent de leur mise en recharge. C’est capital pour que les Parisiens bénéficient chaque jour d’une offre de mobilité électrique sans faille.

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Combien de remorques K-ryole sont affectées à l’acheminement des batteries ?

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Yannick Bachelier : Ici il y en a quatre, et nous avons tous les jours des personnes qui les mettent en charge pour qu’elles puissent repartir le matin. Ce qui est bien, c’est que l’activité commence à bien se structurer. Nous maitrisons de mieux en mieux les cycles horaires des K-Ryole qui vont et viennent, un peu à l’image des départs et retour de tournées des facteurs.

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Qui sont vos clients ?

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Sofiane Ben Mabrouk : Nous travaillons avec plusieurs opérateurs dont l’activité est de mettre des trottinettes ou des vélos en libre-service sur tout le territoire.

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Ce n’est pas une activité habituelle pour l’établissement, comment les agents ont-ils été associés ?

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Yannick Bachelier : Il a fallu mettre en place avec Trotti une procédure pour accueillir les K-ryole et vérifier leur état général à chaque départ en tournée. Nous avons aussi établi une procédure pour le chargement parce qu’on ne peut pas mettre des batteries de vélo n’importe comment dans les remorques K-ryole. Nous avons aussi installé une procédure pour mieux prévoir combien de batteries dont nous aurons besoin le lendemain. Le respect des process est accompagné par un mécanisme d’amélioration continue, bien connu à La Poste, et une session de formation/sensibilisation par Trotti.

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Paris est-elle votre ville pilote ?

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Sofiane Ben Mabrouk : Oui effectivement, Paris est une référence à l’échelle européenne et mondiale pour l’ensemble des opérateurs, parce qu’elle fait partie des 10 capitales ayant une densité urbaine très importante. Nous voulons aussi nous développer à Marseille et dans plusieurs villes de province de moins de 50 000 habitants avec d’autres opérateurs convaincus par notre proposition de valeurs. 2020 a été une année d’exploration. 2021, adossée à la Business Unit Nouveaux Services de La Poste, sera une année d’expérimentation… pour que 2022 soit, je l’espère, une année d’accélération.

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Quelles sont les activités que vous pourriez encore développer sur la PPDC de Paris 14 ?

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Yannick Bachelier : La salle de recharge est très bien équipée, nos agents sont sensibilisés. Ce serait logique pour nous d’étendre cette activité à d’autres clients. On a aussi d’autres projets, plus dans notre cœur de métier, qui arrivent à Paris 14, comme sur le chargement des colis en vrac au départ de la plateforme de préparation et distribution courrier de Paris 14.

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