Publié le 10 septembre 2024

Martinique : la commune de Rivière-Pilote fiabilise la numérotation de ses voies

Les enjeux relatifs à l'adressage sont nombreux, et la mise en conformité des communes est désormais obligatoire. Avec seulement 149 adresses identifiées, la commune de Rivière-Pilote, qui compte 11 000 habitants, avait un besoin significatif de mise en conformité de son adressage. Retour sur cette opération d'envergure menée avec l'équipe projet de Martinique.

Il y a quelques mois encore, la France comptait près de 200 000 voies non numérotées et 1,6 million de foyers français ne disposaient pas d’adresse précise. Les enjeux relatifs à l'adressage sont pourtant nombreux : permettre l'intervention rapide des services d'urgence, garantir la distribution du courrier ou encore assurer la navigation GPS. Obligatoire depuis le 1er juin 2024, la mise en conformité de l’adresse requiert des compétences techniques et de la ressource humaine. Plus de 4 500 communes en France ont déjà fait appel au groupe La Poste pour les accompagner dans cette démarche. Rivière-Pilote, en Martinique, en fait partie.

Un chantier dense dans la commune de Rivière-Pilote

Dans le cadre de son service Aide à la dénomination et à la numérotation des voies (ADN) créé en 2017, La Poste accompagne les communes du diagnostic de l’adressage existant jusqu’à la publication dans la base Adresse Nationale.

Les communes, via leur conseil municipal, ont la responsabilité de la dénomination et de la numérotation des voies. A Rivière-Pilote, en Martinique, le chantier était particulièrement dense.

Arlette Gros-Desormeaux, chef de projet adressage Antilles-Guyane, et Benedict Mekersi, référent adressage projets et organisateur expert, ont mené ce projet de bout en bout. "A Rivière-Pilote, pour plus de 11 000 habitants, seules 149 adresses existaient dans la Base Adresse Nationale. Notre mission était d’identifier toutes les voies de la commune, de numéroter et de certifier tous les bâtis. Pour cela, nous travaillons à partir d’un rapport d’audit qui met en évidence toutes les anomalies. Il faut géolocaliser tous les bâtiments, recenser toutes les voies ouvertes à la circulation, privées ou communales" explique Arlette Gros-Desormeaux.

"De cette manière, nous redonnons à la commune une assiette foncière. Nous faisons également le tracé des voies, la numérotation. Nous sommes ainsi passés de 43 à 470 voies et de 149 à 5316 adresses sur la commune de Rivière-Pilote."

La commune de Rivière Pilote a donc contractualisé avec La Poste afin de mettre en conformité son adressage.

"La base adresse de la commune deviendra la base adresse de référence, pour les impôts, les services de secours,..." précise Arlette. "Elle aidera également les facteurs, car souvent, ils distribuent au nom plutôt qu’à l’adresse. L’expérience et la connaissance des facteurs dans ce cas-là est un atout, mais ce n’est pas envisageable pour les nouveaux arrivants ou les remplaçants. L’établissement courrier de la commune a d’ailleurs été associé à ce projet, en partageant notamment les anomalies remontées par les facteurs lors de leurs tournées. Une bonne adresse, c’est important aussi pour les nouveaux services que nous développons à La Poste, comme Veiller sur mes parents ou Les petits plats portés, qui ont besoin d’une base adresse fiable."

De manière générale, la Martinique est en retard sur l’adressage par rapport à l’hexagone : sur les 34 communes, 15 ont terminé leur adressage entièrement, 12 sont en train de finaliser, et il en reste 7 qui entament la démarche. La commune de Rivière-Pilote avait une qualité de l’adresse très inférieure à la moyenne : peu de noms de voies, pas de numéro, de nombreuses anomalies… Or, une bonne adresse, c’est essentiel pour la géolocalisation et donc pour les services de secours.

Arlette Gros-Desormeaux

Cheffe de projet adressage Antilles-Guyane

Un travail de synergie entre La Poste et la mairie

Pour la commune de Rivière-Pilote, ce projet d'adressage est très important. D'un point de vue touristique, cela nous permet d'être une commune plus attractive, en identifiant par exemple un départ de randonnée ou un point de vue. Nous avons choisi de travailler avec La Poste sur ce projet pour son excellente connaissance des quartiers et des logements de notre territoire.

Georges Glondu, adjoint au maire de Rivière Pilote

Georges Glondu

Adjoint au maire de Rivière Pilote

Ce travail de fourmi est réalisé par les techniciens Data de La Poste, comme Stève Lesel : "Nous faisons d’abord une première étude théorique, où nous passons en revue toutes les voies de la commune, à l’aide de cartographies. Puis nous allons sur le terrain afin de vérifier les informations théoriques. Notre objectif, c’est d’être le plus précis possible en indiquant l’entrée du portail des propriétés : cela facilitera notamment l’accès des secours en cas de besoin."

Cette mission est réalisée en synergie avec l’équipe projet de la mairie, constituée notamment d’un élu chef de projet et d’experts de l’urbanisme. La commune reste ainsi décideur quant aux solutions proposées par La Poste. 

Chaque habitant reçoit un certificat d’adressage. En tout, il faut compter 2 ans pour l’aboutissement d’un tel projet, structurant pour la commune

La dénomination des voies, dernière étape de ce chantier, est primordiale. L’enjeu ? la préservation du patrimoine au travers des noms de lieux-dits et de quartiers, souvent témoins de l’histoire d’une commune. Pour cela, l’équipe projet de la mairie organise des réunions publiques et une consultation citoyenne pour permettre à tous les habitants de s'exprimer. Ces derniers peuvent ainsi faire des propositions en ligne ou en se déplaçant à la mairie. Ces suggestions sont ensuite étudiées par les élus du conseil territorial, pour valider les noms de plus de 430 nouvelles voies.

"Quand cette dernière étape est réalisée, les communes posent la signalétique. Chaque habitant reçoit un certificat d’adressage. En tout, il faut compter 2 ans pour l’aboutissement d’un tel projet, structurant pour la commune" complète Arlette Gros-Desormeaux. "C’est alors la concrétisation d’un travail de fond en terme de communication et d’accompagnement réalisé avec les communes depuis 4 ans. Et je dois dire que je trouve cela passionnant."

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