Publié le 19 mai 2021

Précarité des étudiants : Une initiative locale pour leur venir en aide

Depuis le mois de mars, Yann Peidro, responsable de la plateforme Docaposte, filiale de La Poste, à Chauray(79), propose un travail à la carte et rémunéré à une dizaine d’étudiants. Un projet initié en partenariat avec l’université de Poitiers. Rencontre.

Yann PeidroResponsable plateforme Docaposte
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Vous avez mis en place une démarche d'aide aux étudiants. Quelle est l'origine de cette initiative ?

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Yann Peidro : J’ai une fille étudiante qui me parle beaucoup de la problématique économique de ses camarades en temps de Covid. La crise sanitaire a provoqué l'annulation de nombreux jobs étudiants, ce qui a accentué leurs difficultés financières. J’ai cherché comment leur venir en aide financièrement en leur proposant une activité. J’en ai parlé autour de moi. Beaucoup de collaborateurs étaient partants et ma hiérarchie m’a suivi. C’est une initiative locale qui, j’espère, fera des émules.

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Quelle activité leur avez-vous proposé ?

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Yann Peidro : Nous traitons les dossiers de sinistres pour nos clients assureurs MAIF et MACIF. Nous assurons aussi une prestation d’archivage numérique des sinistres clos, qui ne nécessite pas de délai de traitement. C’est cette activité que nous leur proposons. Pour cela, nous avons demandé à notre client la MAIF si elle nous autorisait à utiliser ses flux pour mettre en place cette action et elle a accepté. C’est une mission que je réserve habituellement à des intérimaires.

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Comment avez-vous fait connaître votre projet?

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Yann Peidro : Il a fallu trouver une porte d’entrée pour toucher les étudiants. Nous sommes entrés en contact avec l’université de Poitiers que nous avons rencontrée en janvier. Il ne s’agissait pas de toucher toute la population étudiante du département : l’université a dressé une liste d’étudiants les plus précaires et ceux qui avaient le moins de transport à effectuer. Très rapidement, nous avons présenté notre projet en amphi devant une trentaine d’étudiants, à qui nous avons transmis notre adresse e-mail.

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Comment les étudiants ont-ils réagi ?

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Yann Peidro : Une dizaine de candidats Bac +1 à Bac +4 ont répondu et ont été retenus. Nous les avons rencontrés et planifié leur activité. Six d’entre eux seulement ont commencé depuis mars, car c’est la période des partiels et des stages. Les deux premiers étudiants recrutés ont rencontré les autres pour les rassurer ou répondre à leurs questions.

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Quel type de contrat de travail leur proposez-vous ?

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Yann Peidro : Notre but est de leur donner accès à un travail à la carte et rémunéré, avec un minimum de 10 heures par semaine, selon leurs disponibilités et leurs études. Ils sont employés en CDD sous contrat d’intérim, en partenariat avec l’agence Start people. Cette dernière leur envoie leur contrat de travail et le planning à la semaine. 

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Quel bilan faites-vous après 2 mois d’expérience ?

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Yann Peidro : C’est une expérience humaine très riche, ces étudiants apportent une vision différente, des actions correctives. Après une courte formation, on note un taux de qualité exceptionnel en 24/48heures. C’est un réel bonheur de travailler avec eux. On va leur proposer d’autres prestations pour remplacer les départs en vacances cet été, jusqu’à 35 heures par semaine. Ils vont pouvoir monter en compétence, découvrir d’autres activités. Pour les étudiants qui n’ont pas de moyen de locomotion pour venir dans notre établissement à Chauray, nous leur proposons, dès la mi-juin, une activité dans les locaux que nous louons dans l’enceinte de la plateforme courrier de Niort.

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Comment voyez-vous l’après Covid ?

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Yann Peidro : Certaines de nos activités vont nécessiter deux heures de travail par jour. C’est une opportunité qui peut les intéresser. En termes de gestion de contrat de travail et de planning, c’est très lourd, mais ce n’est rien à côté de l’aide que nous pouvons leur apporter.

Témoignage

Avant de travailler à Docaposte, cela faisait un an que je n’avais pas de vie sociale. Confinée, je passais toute la journée dans ma chambre. Je me sentais de plus en plus isolée. J’avais l’impression que je ne faisais qu’étudier. Cette activité me permet d’être plus indépendante et autonome financièrement. Ça me donne un sentiment d’appartenance à une entreprise, étant en contact avec des vraies personnes. Ma vie sociale s’est améliorée depuis que je travaille chez Docaposte. J’accompagne les nouveaux étudiants parce que je suis l’un des deux premièrs étudiants à avoir rejoint l’entreprise. Je connais bien les activités.

Azerou Fazeli

Etudiante en L3 Eco-Gestion