NICOLAS BARRÉ
Pouvez-vous donner des exemples de villes plus à la pointe que les autres ?
PHILIPPE WAHL
J’ai en tête deux exemples de villes françaises très en avance. La première est Grenoble, dans les Alpes. Et la deuxième est Bordeaux. Dans ces deux villes, nous menons des expériences avec les municipalités afin de développer des livraisons locales à empreinte carbone nulle. Cela représente un grand changement. Et cela nécessite de réorganiser toute notre infrastructure pour être à même d’effectuer nos livraisons de colis proprement, c’est-à-dire en vous les apportant sur des vélos ou des véhicules électriques : voitures, camions ou vélos. C’est ce qui est fait à Grenoble, Bordeaux, Toulouse. Aujourd’hui, nous avons conclu un accord avec dix-huit des vingt-deux plus grandes villes de France.
NICOLAS BARRÉ
Il y a quand même la question des coûts. Y a-t-il un modèle économique sous-jacent ? Comment parvenez-vous à rendre ces exigences raisonnables d’un point de vue économique ?
PHILIPPE WAHL
(…) Nous avons commencé à rendre nos véhicules plus écologiques il y a 10 ans, ce qui fait que nous détenons aujourd’hui la plus importante flotte de véhicules électriques du monde, avec pour la France, pas moins de 9000 voitures électriques, donc sans émissions de carbone. La logistique verte constitue un investissement, et il est coûteux, mais si les villes mettent en place une réglementation pour promouvoir l’absence d’émissions de carbone, nous en profiterons. C’est donc plus cher, mais plus écologique, et nous avons déjà des outils essentiels pour opter pour une livraison verte, même si c’est plus onéreux.
NICOLAS BARRÉ
Que pensez-vous d’autres formes de livraison, par drone par exemple ?
PHILIPPE WAHL
Il y a beaucoup de communication au sujet des drones. Aujourd’hui, nous utilisons un drone dans les Alpes maritimes, dans le sud de la France. Nous l’exploitons sur une ligne commerciale autorisée par le régulateur, uniquement dans les zones rurales.
NICOLAS BARRÉ
Un seul drone ? Vous ne pensez pas qu’ils puissent avoir un avenir commercial ?
PHILIPPE WAHL
Oui pour les zones rurales, mais pas dans les zones urbaines, pour le risque qu’ils représentent. Imaginez ce qui pourrait arriver avec des drones qui pèsent plus d’une demi-tonne, circulant au-dessus de nos têtes. Nous pensons que le drone représente une bonne solution pour les îles, les montagnes, les zones rurales. Nous allons donc les développer pour l’ensemble du territoire français, mais pas pour les grandes villes. Ce serait trop dangereux.