Publié le 16 décembre 2022

La fusée postale : le rêve d’un courrier supersonique

Alors qu’aujourd’hui on peut voir les facteurs circuler en voiture électrique, à vélo ou tout simplement à pied, c’est un tout autre moyen de transport du courrier qui a été étudié dans les années 60 : la fusée.

Retour sur ce projet méconnu, qui illustre les nombreuses expériences que La Poste a menées en matière de transport.

16 DÉC. 2022

La fusée postale : le rêve d’un courrier supersonique

Orange/DANP

Musée de La Poste - La Poste, 2022

Alors que le premier homme vole dans l’espace en 1961, les perspectives d’un transport du courrier toujours plus rapide se nourrissent de cet imaginaire de conquête. Entre 1960 et 1964, l’administration des Postes examine les conditions d’utilisation d’une fusée dans le cadre d’un usage premium des flux de correspondances.

 

Il faut dire que la trajectoire des progrès de l’aéronautique, de la balistique et du guidage, est riche de perspectives. Depuis les années 1930, des ingénieurs expérimentent et esquissent déjà des fusées postales partout dans le monde. La Poste américaine explore aussi ce champ dès 1959, promettant une révolution dans la vitesse des échanges matériels par cette voie.

 

Ainsi en France, le centre national des études de télécommunications (CNET), sorte de grand laboratoire technique des PTT, travaille avec le constructeur aérien Latécoère sur un projet de fusée : larguée depuis un avion, elle relierait Lille à Marseille, puis la Corse, en quelques minutes, avec une demi tonne d’emport de fret postal.

De son côté, le couple industriel franco-italien Matra et Breda Meccanica évoque une fusée IRIS à atterrissage vertical, d’une portée de 700 km, filant à Mach 2 au-dessus des 20 000 m d’altitude et reliant Paris à Milan en 20 minutes. Jeune directeur général adjoint, Jean-Luc Lagardère extrapole même une dimension européenne incluant Milan, Turin, Gênes, Francfort, Düsseldorf, Londres et Amsterdam comme nœuds d’un réseau européen pour le courrier à haute valeur ajoutée, qu’il estime à 120 tonnes par an.

 

Face aux coûts exorbitants cinq fois plus élevés que l’avion, le ministère des PTT et le CNET mettent définitivement fin à toute velléité d’application réelle, en mars 1964. Reste que le recours récent au drone, en particulier à partir de 2016 par la filiale GeoPost, témoigne de la tendance de La Poste à regarder vers le ciel, en fonction des évolutions technologiques en cours, pour toute forme d’acheminement postal.